Cap à l'ouest

Jeudi 30 mai 2013

Lever à 7h30 adopté à la majorité absolue. Le petit-déjeuner est servi à 8h. Une corne d'abondance occupe le buffet dans un décor mi-jungle, mi-thaïlandais (une tête bouddhiste est coincée dans un arbre comme à Ayutthaya). Le pain et les croissants sont si exquis que je pourrais envisager de passer les 10 prochains jours au Pico de Urzes. Quoique non en fait : je préfère rester avec ma coéquipière, nous nous amusons bien mieux.

Les viennoiseries en demi-lune avalées, nous partons vers le soleil : 9,2km de descente vers l'Etoile de Calheta où nous récupérerons notre bus. Le parcours est effectué à pied bien sûr car il n'y a pas d'alternative ici et que nous ne sommes pas vraiment pressés. La météo est pour le moment des plus médiocres mais la vallée est une promesse d'un temps meilleur.

Nous repassons devant le parking et l'église d'hier avant de commencer la descente sur une route pavée. Quelques centaines de mètres plus loin, elle cède la place à un bitume inégal. La pente est parfois extrême. D'un coup, un véhicule apparaît puis le trafic ne va cesser de s'accroître, lâché de touristes qui gagnent à la journée nos randonnées de la veille. Sur le bas-côté, les eucalyptus sont particulièrement présents.

A l'entrée de la localité, une dame d'un certain âge insiste auprès de Laëtitia pour nous descendre en voiture vers le centre. Déboussolant ! Quand nous faisons du stop, personne ne veut nous prendre et quand nous ne cherchons pas à en faire, une proposition spontanée nous est adressée. Nous déclinons chaleureusement l'invitation tout en remerciant cette personne qui insiste à maintes reprises. Elle doit nous prendre pour deux touristes échappés d'un minibus ?

La poursuite du trajet permet d'apprécier l'étalement de la ville à la fois en distance et en altitude. Nous arrivons une heure avant l'autobus au poste de santé où se trouve également un supermarché pour nous réapprovisionner car nous sommes à présent à sec de ce côté-là. Le caissier étale devant nous les quelques mots de français dont il se souvient depuis l'école. Quelle mémoire !

Une fois n'est pas coutume notre moyen de transport arrive mais en retard. Il faut préciser que nous avons changé de compagnie. Le véhicule longe le littoral en montagnes russes passant au voisinage de deux mignons villages accrochés à la pente et baignant dans l'océan : Jardim do Mar et Paul do Mar. Le guide de la Balaguère croisé à l'hôtel d'Encumeada puis nos deux anglais d'Oxford nous ont vanté les mérites de ces lieux qui valent une excursion. Entre les deux, un tunnel particulièrement long. Le bus remonte ensuite une pente sévère avant de s'arrêter 10 minutes à un restaurant-mirador. De cet observatoire improvisé et appelé de mes voeux tant la vue est dégagée, nous pouvons immortaliser tranquillement Paul do Mar que nous venons de quitter.

La fin du trajet n'est pas très longue, seulement évocable par le fait que le chauffeur refuse de nous laisser descendre à l'arrêt que Laëtitia avait repéré hier soir. Nous écopons ainsi d'une rallonge dont la seule vertu est de nous montrer une première fois l'arrêt qui nous permettra de regagner Funchal. Par la route, nous gagnons le phare de Punta do Pargo. Les derniers mètres se font sur un sentier de terre balayé par les vents. Crachins et éclaircies se succèdent à un rythme si effréné que nous finissons par ne plus savoir comment nous habiller. Dans le même temps, des arcs-en-ciel apparaissent ici et là.

Le phare n'est pas très impressionnant, plutôt ratatiné même, mais perché sur son promontoire qui doit friser les 300 mètres, il doit être visible à plusieurs milles. Les falaises environnantes jouent à cache-cache au passage de voiles nuageux plus ou moins denses. Nous descendons encore quelques marches pour rejoindre un petit balcon naturel : c'est le point le plus occidental de Madère où nous puissions aller après être partis de la presqu'île São Lourenço il y a quelques jours. Notre traversée de l'île est à présent complète après être passés par des moments de bonheur ou de contrariété, de froid et de pluie, d'efforts physiques ou d'instants de partage. Ce n'est pourtant pas encore la fin, simplement une étape symbolique.

Sans perdre de temps, nous remontons vers l'arrêt de bus. Sur notre chemin, la dernière rampe atteint facilement 15% de dénivelé ! Le bus nous récupère en outre avec 20 minutes de retard sur l'horaire en notre possession. Confortablement installés à l'arrière, nous en profitons pour pique-niquer tranquillement. Le paysage séduit en permanence ma coéquipière tandis qu'à l'exception de quelques baies peu urbanisées, je n'y vois rien de particulièrement marquant pour être mentionné ici. Surprise en cours de route : un changement inattendu de véhicule nous attend. A 17h, nous atteignons Funchal, principale ville de Madère et terminus du trajet. Nous sommes déposés à deux pas de notre hôtel du jour où nous avons vite fait de laisser nos sacs avant de repartir.

Le centre-ville semble réduit. Aussi le contournons-nous par une grande artère avant de nous aventurer dans des rues plus étroites. Notre objectif ? Un château que j'ai repéré au sommet d'une colline et en plein milieu de la cité lors de notre arrivée en bus. Pour l'atteindre, nous passons devant plusieurs édifices religieux  dont le couvent de Ste Claire intéressant pour son clocher et sa girouette. Une forte côte nous amène à proximité du fort sans que nous ayons suffisamment de recul pour nous rendre compte de sa physionomie. La montée valait simplement pour l'effort physique allons-nous dire. Nous gagnons ensuite le littoral en prenant soin de toujours éviter le coeur de Funchal que l'on se réserve pour demain. L'avenida do Mar est cependant fortement amochée par des travaux qui lui ôtent grandement de son potentiel charme.

A proximité du marché et de l'hôtel, nous nous enfonçons dans une ruelle envahie de multiples restaurants qui proposent tous à peu près la même carte. Ce soir il était convenu que j'offrirai le repas pour goûter les produits de la mer. Après tout, nous sommes bien sur une île ... Nous trouvons rapidement un restaurant qui répond à nos attentes et non occupé par la foule. Laëtitia y déguste une brochette calamar-crevette quand j'opte pour de l'espada. Ce poisson ne doit pas être confondu avec l'espadon ou "poisson-épée". L'espada est un spécimen local, à l'allure proche de celle du barracuda c'est-à-dire une forme allongée et une tête sacrément moche munie d'une très belle dentition. Pour clôturer le repas, Laëtitia m'invite sur le port déguster une glace au chocolat au soleil déclinant. La journée se termine bien et dans la bonne humeur !

Ajouter un commentaire
 

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site